La crédibilité énergétique se joue à Fessenheim
Il est temps d’être clair. L’engagement de fermer Fessenheim et celui de réduire à 50% la part du nucléaire seront-ils tenus ? Pour l’Alsace la question est cruciale à deux titres : celui du risque pour les populations d’une centrale dont la prolongation est hors de prix, celui des emplois de la transition énergétique dont il ne faut pas rater le rendez-vous.
Terminer ce mandat présidentiel dans la confusion serait irresponsable. Le feuilleton du double-langage a assez tiré en longueur. Ici, pour l’Alsace et le bassin rhénan, c’est une dynamique énergétique transfrontalière qui est en jeu. Celle-ci ne passera pas par la prolongation dangereuse d’une énergie du passé : des voix allemandes et suisses l’ont redit tout récemment. Déjà en 2013, à l’unanimité, le Conseil Rhénan (français compris) a exprimé la volonté, avec la fermeture annoncée de Fessenheim, d’engager la reconversion du territoire.
Il est temps que le délégué interministériel chargé de la fermeture de Fessenheim puisse passer en phase active, que soient fixées les étapes et mis en œuvre les accompagnements sociaux et économiques. Un volet du Contrat de Plan devait financer le bassin d’emploi impacté. Ce soutien est indispensable pour cette reconversion.
Fermer en 2016
Il est temps que soit rendu l’arbitrage sur le calendrier. Oui, il est possible de fermer en 2016, avant la fin du mandat. Le Président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, l’a encore dit devant la Commission parlementaire : si le démantèlement sera long, l’arrêt par contre peut être rapide. Un décret de mise à l’arrêt définitif serait d’ailleurs plus efficient que le décret envisagé d’abrogation d’autorisation d’exploiter.
La Loi de Transition Énergétique sera-t-elle vraiment « l’un des textes les plus importants du quinquennat » ? Pour cela, il faudra que le rééquilibrage de la production d’électricité entre le nucléaire et les renouvelables soit en route, que la politique énergétique soit assez solide pour passer comme en Allemagne les alternances. Pour faire baisser le nucléaire de 77% à 50%, il ne s’agit pas de prolonger les réacteurs (EDF n’en aura pas les moyens financiers) mais d’en fermer un certain nombre, et d’abord les plus vieux. La crédibilité de la transition énergétique dépend donc de ce qui se passera en 2016, ici, à Fessenheim. A vous de trancher et d’agir, Monsieur le Président.
Jacques Fernique et Patricia Guéguen